Un Appel à la Présidente de la République Unie de Tanzanie, Samia Suluhu Hassan, à cesser l'expulsion des communautés pastorales autochtones de la Zone de Conservation du Ngorongoro

Les peuples indigènes de Ngorongoro (Tanzanie) manifestent avec des banderoles sur lesquelles on peut lire (de gauche à droite) : "Nous sommes fatigués de vivre et de dépendre de l'aide alimentaire" ; "15 kilos de céréales pour trois mois pour 8 personnes" ; et "L'éducation est notre droit".

Lire la version swahilie
Mise à jour de la campagne

À:

Son Excellence, Samia Suluhu Hassan
Présidente de la République-Unie de Tanzanie

Cc:

Hon. Dr Freddy Safiel Manongi
Commissaire à la Conservation, Autorité de la Zone de Conservation de Ngorongoro;

Hon. Dr Damas Daniel Ndumbaro
Ministre des Ressources Naturelles et du Tourisme

Hon. Tirso Dos Santos
Chef de Bureau, Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture – Tanzanie;

Hon. Dr. Bruno Oberle
Directeur Général, Union Internationale pour la Conservation de la Nature;

Hon. Audrey Azoulay
Directrice Générale, Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture.

Le gouvernement de la République-Unie de Tanzanie prévoit d'expulser 73 000 autochtones de la zone de conservation de Ngorongoro. Le 12 avril 2021, l'Autorité de la zone de conservation de Ngorongoro (NCAA) avait déjà émis un avis d'expulsion de 30 jours à 45 éleveurs autochtones vivant dans la zone de conservation de Ngorongoro. La NCAA les considère comme des immigrants illégaux. La déclaration sans fondement de la NCAA selon laquelle les Peuples Autochtones et leur mode de vie pastoral mettent en danger l’équilibre écologique de la Zone de Conservation de Ngorongoro a été diffusée par la couverture biaisée de la question par les médias traditionnels.^[1]

Des études ont prouvé que le pastoralisme est compatible avec la conservation.^[2] Les dernières terres de conservation de la plupart des espèces végétales et fauniques restantes de la Tanzanie se trouvent sur des terres pastorales ou dans des territoires occupés par des pasteurs.^[3] “L'attitude de conservation des pasteurs se retrouve dans les pratiques mêmes du pastoralisme lui-même. L'éthique de la conservation se retrouve dans leurs cultures et leurs façons de gérer les ressources critiques.”^[4]

La NCAA et le Ministère des Ressources Naturelles et du Tourisme (MRNT) sont aux prises avec une mentalité paroissiale et colonialiste. Ils ne tiennent pas compte des études scientifiques récentes qui démontrent et prouvent le rôle crucial des communautés pastorales autochtones dans la conservation. Ces entités gouvernementales rejettent l'importance de mener des consultations sincères avec les pasteurs autochtones pour lutter contre la perte de biodiversité. La NCAA et le MNRT négligent leur mandat de protéger la Zone de Conservation de Ngorongoro et se préoccupent uniquement de tirer des bénéfices du tourisme.

La NCAA et le MRNT ont été responsables d'un certain nombre de violations des droits de l'homme contre les communautés pastorales autochtones, notamment la démolition de leurs fermes et des menaces contre leur vie et leurs moyens de subsistance. Le récent ordre d'expulsion, bien qu'actuellement suspendu, menace de poursuivre ces violations, notamment la destruction des installations construites par le gouvernement telles que des écoles, centres de santé, postes de police, églises et mosquées.

En outre, la sûreté et la sécurité des défenseurs des droits humains autochtones, y compris les organisations de la société civile qui les soutiennent ainsi que les communautés affectées, sont à risque.

Les menaces et les attaques de la NCAA et du MRNT contre les communautés pastorales autochtones et leur mode de vie vont à l'encontre du souci de Son Excellence, Présidente Samia Suluhu Hassan, de prendre des mesures pour préserver l'écologie et la faune de la Zone de Conservation de Ngorongoro.

À la lumière de la croissance imminente des violations des droits de l'homme contre les communautés pastorales autochtones de la Zone de Conservation de Ngorongoro, nous sommes solidaires avec elles et soutenons pleinement leurs demandes légitimes de respect et de protection de leurs droits et de leur bien-être. Nous réitérons leur appel urgent à la Présidente de la République Unie de Tanzanie, Samia Suluhu Hassan, à:

Nous souhaitons également attirer l'attention et l'action de l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO) et l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) en tant que partenaires du gouvernement Tanzanien dans la gestion de la Zone de Conservation de Ngorongoro, sur l'expulsion injuste imminente des communautés pastorales autochtones. Cela va clairement à l'encontre des principes et engagements de l'UNESCO et de l'UICN en matière de respect des droits des Peuples Autochtones.

Cette pétition est close.
124 organisations et 229 personnes de 51 pays l'ont soutenue.
Le 12 mai 2021, l'IPRI a envoyé cet appel au Président de la République Unie de Tanzanie. Vous pouvez lire la lettre ici.

Signatures*

Organisations

Individus**

*à partir du 11 mai 2021
**plus 32 soutiens individuels non divulgués

^[1] See International Work Group on Indigenous Affairs. “Tanzania” in Indigenous World 2021, pp. 139-147. https://www.iwgia.org/en/resources/indigenous-world.html
^[2] See studies from Convention on Biological Diversity (CBD): https://www.cbd.int/development/doc/cbd-good-practice-guide-pastoralism-booklet-web-en.pdf and from International Union for Conservation of Nature (IUCN): https://www.iucn.org/sites/dev/files/import/downloads/tanzania_contry_study.pdf
^[3] https://www.iucn.org/sites/dev/files/import/downloads/tanzania_contry_study.pdf
^[4] https://www.iucn.org/sites/dev/files/import/downloads/tanzania_contry_study.pdf