Indigenous Peoples Rights International (IPRI), une organisation autochtone mondiale, condamne fermement l’arrestation récente et les accusations forgées de toutes pièces contre six villageois autochtones du village de Kinipan, dans le Kalimantan central, en Indonésie.
Au milieu de la pandémie, six villageois autochtones, dont le chef de Laman Kinipan, Effendi Buhing, et deux jeunes autochtones, ont été arrêtés par la police centrale du Kalimantan par ce qu’ils défendaient leur forêt coutumière contre l’expansion de PT Sawit Mandiri Lestari (PT SML), une entreprise d’huile de palme. Buhing a été arrêté le 26 août, tandis que les cinq autres ont été arrêtés le 15 août.
Avec un fort soutien mondial et une attention médiatique, tous les six ont été libérés par les autorités, mais ils ont été accusés d’avoir volé à la société d’huile de palme qui a forcément expulsé les membres de la communauté Laman Kinipan de leurs terres ancestrales.
Selon des rapports d’Aliansi Masyarakat Adat Nusantara – AMAN (Alliance Nationale des Peuples Autochtones de l’Archipel – Indonésie), la communauté Laman Kinipan a découvert que leur forêt était entrain d’être empiétée sur PT SML en avril 2018. Par conséquent, la communauté a imposé des sanctions coutumières contre la société après avoir détruit leur territoire coutumier. Ils ont également déposé des plaintes auprès du Régent de Lamandau, du Lamandau Dewan Perwakilan Rakyat Daerah (DPRD) et du Gouverneur du Kalimantan Central.
Le Secrétaire Général de l’AMAN, Rukka Sombolinggi, a déclaré que des représentants de la communauté Laman Kinipan s’étaient plaints plusieurs fois auprès du gouvernement national de Jakarta, mais aucune mesure sérieuse n’avait été prise.
Elle a dit qu’ils se sont rendus au Ministère de la Planification Agraire et Spatiale, au Ministère de l’Environnement et des Forêts, à la Commission Nationale des Droits de l’Homme et au Palais Présidentiel par le biais du KSP.
«Le président doit immédiatement donner ordre au Chef de la Police d’arrêter la criminalisation des peuples autochtones et le Ministère de l’Environnement et des Forêts de révoquer la concession de PT SML sur le territoire de Laman Kinipan», a déclaré Sombolinggi.
IPRI a exprimé sa solidarité avec la communauté Kinipan dans sa lutte pour défendre ses forêts coutumières contre PT SML, et avec AMAN, la plus grande organisation nationale de peuples autochtones au monde, dans ses efforts pour protéger les droits des peuples autochtones en Indonésie.
«L’incident a exposé le double standard des forces de police dans la protection de l’intérêt direct des entreprises au lieu de protéger la population tandis que le gouvernement ferme les yeux face au sort de la communauté de Kinipan. Il s’agit d’un acte d’injustice et incompatible avec les obligations et les engagements du gouvernement Indonésien en matière de droits humains », a déclaré Joan Carling, codirectrice mondiale de l’IPRI.
Carling a ajouté que l’incident de criminalisation en Indonésie est malheureusement commun pour beaucoup de peuples autochtones dans le monde.
«La criminalisation et la violence contre les peuples autochtones, dans le contexte de projets à grande échelle impliquant l’agrobusiness et les industries extractives, sont devenues endémiques, malgré la pandémie COVID-19 qui a gravement affecté les peuples autochtones», a noté Carling.
Elle a ajouté: «L’accès à la justice pour les victimes et leurs familles est presque impossible. Cela pourrait même s’empirer dans les mois à venir comme les États et les entreprises s’approprient les terres et les ressources des peuples autochtones au nom de la reprise économique de la pandémie.»
Ensemble avec AMAN, IPRI a publié une déclaration des signatures à l’intention du public pour soutenir la demande d’annulation des poursuites pénales contre les villageois de Kinipan arrêtés et pour appeler le gouvernement Indonésien à suspendre les activités de PT SML et à enquêter sur ses pratiques commerciales.
La déclaration des signatures vise également à mettre fin à la criminalisation des Peuples Autochtones en Indonésie et à exprimer la solidarité mondiale pour la protection des Droits des Peuples Autochtones.
«IPRI s’est engagé à répondre à cette crise mondiale de criminalisation, de violence et d’impunité contre les peuples autochtones en augmentant la prise de conscience mondiale et en amplifiant l’appel à la justice», a conclu Carling.
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