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Plus de 200 incidents de violations des droits humains ont été documentés dans 23 pays de janvier à juillet 2020

Indigenous Peoples Rights International (IPRI), une organisation autochtone mondiale défendant les droits des autochtones, a sonné l'alarme face à la tendance mondiale croissante à la criminalisation et à la violence contre les peuples autochtones dans divers pays pendant le confinement lié à la COVID-19 et la mise en œuvre d'autres mesures répressives.

Dans son rapport spécial de mi-année sur la criminalisation et la violence contre les peuples autochtones, l'IPRI a signalé que 202 incidents de violations des droits de l'homme ont été documentés du 1er janvier au 31 juillet 2020 dans 23 pays du monde.

Ces pays comprennent l'Argentine, le Bangladesh, la Bolivie, le Brésil, le Canada, la Colombie, le Costa Rica, la République démocratique du Congo, le Guatemala, le Honduras, l'Inde, l'Indonésie, le Kenya, le Mexique, le Myanmar, le Népal, le Nicaragua, le Paraguay, le Pérou, les Philippines, la Russie, la Thaïlande et les États-Unis d’Amérique. Nombre de ces États mettent en œuvre des mesures restrictives et les utilisent pour tirer parti de la pandémie pour attaquer les chefs et communautés autochtones et s’emparer de leurs terres et de leurs ressources.

Ces criminalisations et violences ont été classées en quatre catégories: violations des droits et libertés fondamentaux (droits civils et politiques), meurtres, violations des droits économiques et socioculturels et des droits collectifs des peuples autochtones; et la violence basée sur le genre. Les violations des droits civils et politiques comprenaient des cas d'accusations forgées de toutes pièces (fausses accusations), d'enlèvement, d'arrestation et de détention illégales, entre autres; tandis que les violations des droits économiques et socioculturels comprennent les violations des droits collectifs des peuples autochtones à la terre, aux territoires et aux ressources, aux moyens de subsistance, au logement, à la culture et à l’autodétermination.

Plus de la moitié, soit 110 des 202 incidents documentés, sont une criminalisation des peuples autochtones ou des violations des droits civils et politiques. Parmi les 23 pays, les Philippines ont le plus grand nombre d'incidents documentés à 32, qui ont touché 125 personnes, trois communautés et six villages. Les autres pays qui ont des incidents de criminalisation élevés sont le Bangladesh et le Canada avec 13 et 8, respectivement.

Le rapport a également suivi 83 incidents de meurtres. Soixante de ces incidents ont été enregistrés en Colombie. De façon alarmante, les meurtres d’autochtones en Colombie de janvier à juillet 2020 ont déjà battu son record de 2019, ce qui en fait le plus élevé de l’histoire du pays. Les victimes étaient des militants connus qui se sont battus pour les droits fonciers. Les autres pays qui ont enregistré des meurtres sont le Bangladesh, le Brésil, le Costa Rica, le Guatemala, le Honduras, l'Indonésie, le Mexique, le Myanmar, le Népal, le Nicaragua et le Pérou.

Seize cas de violations des droits collectifs et des droits économiques et socioculturels des peuples autochtones ont également été enregistrés. Les cas se sont produits principalement au Bangladesh et aux Philippines, avec quatre incidents chacun, tous deux liés à l'accaparement des terres et au déplacement. Les attaques au Bangladesh ont touché 5 000 personnes et trois communautés, tandis que 700 personnes, 937 familles et un village ont été touchés aux Philippines. Il y a eu des cas similaires dans d'autres pays, mais ils n'ont pas été correctement documentés. D'autres cas incluent le démantèlement et l'incendie de villages autochtones dans les forêts et les parcs nationaux.

Trois incidents de violence basée sur le genre ont été suivis en Colombie et au Paraguay. Deux de ces cas concernent des mineurs. En Colombie, une militante autochtone et une fille de 13 ans ont été victimes de violence basée sur le genre. La femme a reçu des menaces de mort et de viol tandis que la jeune fille a été violée par sept soldats. Au Paraguay, une jeune fille de 12 ans a été violée par un homme de 26 ans.

A part ces cas, des femmes et des filles ont également été suivies pour avoir été illégalement arrêtées et détenues au Népal, au Canada et en Indonésie; agressées physiquement au Nicaragua; et tuées en Thaïlande.

Pendant que les cas de violence basée sur le genre suivis sont faibles, l'IPRI reconnaît la réalité des femmes et des filles autochtones sur le terrain, que nombreuses d'entre elles ne sont pas en mesure de signaler les cas de violence aux autorités faute d'accès à la justice et de culture de stigmatisation qui prévaut.

Dans son rapport, l’IPRI a noté que pendant que la crise actuelle de la COVID-19 soulève une multitude de problèmes de santé pour de nombreuses communautés autochtones dans le monde, elle a également révélé l’impunité accrue contre les peuples autochtones dans le cadre des mesures de riposte des États à la pandémie.

Le rapport indique en outre que, comme la pandémie entraîne un ralentissement économique, les politiques et les objectifs de reprise économique augmentent les menaces et la vulnérabilité des peuples autochtones à l'accaparement des terres et à l'extraction des ressources sur leurs territoires, ainsi qu'à la répression et à la criminalisation lorsqu'ils défendent et protègent leurs droits collectifs et bien-être.

Ces menaces sont présentes en Indonésie, en Inde, au Canada et au Pérou où des politiques relatives à l'extraction du charbon sont imposées. Le rapport suggère également comment les gouvernements répressifs et les entreprises ont profité de la pandémie pour mettre en œuvre des mesures oppressives qui restreignent davantage les droits des autochtones.

La Codirectrice de l'IPRI et ancienne Rapporteuse Spéciale des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, Vicky Tauli-Corpuz, a déclaré que la criminalisation est un problème commun qu'elle avait constaté pendant six ans dans l'exercice de ses fonctions.

En fait, Tauli-Corpuz a précédemment mis en évidence la corrélation entre l'augmentation de la violence, du harcèlement et de la criminalisation des peuples autochtones avec les efforts agressifs des États et des entreprises pour s'approprier les terres traditionnellement détenues par les peuples autochtones et en extraire les ressources.

La Codirectrice de l'IPRI et Co-organisatrice de l’ Indigenous Peoples’ Major Group (IPMG) for Sustainable Development “Groupe Majeur des Peuples Autochtones pour le Développement Durable”, Joan Carling, appelle les États à prévenir de nouvelles attaques et la criminalisation contre les peuples autochtones, et à aborder plutôt les impacts de la pandémie à COVID-19 sur les peuples autochtones. Elle lance également un appel aux organisations de peuples autochtones et à leurs alliés aux niveaux local, national et régional pour qu'ils renforcent les campagnes de promotion et de protection des droits des autochtones afin d'amplifier l'appel à la justice et d'exiger la fin de l'impunité.

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