Indigenous Peoples’ Rights International (IPRI), une organisation autochtone mondiale qui défend les droits des autochtones, soutient pleinement ses organisations autochtones partenaires dans sa lutte contre la nouvelle loi antiterroriste des Philippines.
Le 7 août, diverses organisations Moro et Autochtones basées aux Philippines ont déposé la 24e pétition pour « certiorari » et interdiction devant la Cour Suprême contre la Loi 11479 de la République récemment adoptée ou la loi antiterroriste de 2020.
Dans la pétition, les peuples autochtones ont déclaré que les définitions vagues et arbitraires des crimes terroristes en vertu de la loi peuvent être utilisées contre les peuples autochtones et les défenseurs des droits des autochtones. Les groupes représentés dans la pétition étaient Kalumbay Regional Lumad Organization, Kalipunan ng Katutubong Mamamayan ng Pilipinas (Katribu), SANDUGO (Alliance and Movement of Bangsamoro and Indigenous Peoples and for Self-Determination), Save Our Schools Network, LILAK / Purple Action for Indigenous Women’s Rights Inc, entre autres.
«L’appât rouge ou le marquage rouge, l’acte d’étiqueter des personnes comme communistes ou terroristes, a été utilisé dans le passé contre des dirigeants de la société civile qui critiquaient le gouvernement», déclare la pétition.
Même avant la Loi Antiterroriste de 2020, le gouvernement Philippin sous l’administration Duterte avait critiqué les militants en traçant des étiquettes rouges contre eux, incluant les défenseurs des droits autochtones comme terroristes.
En fait, en 2018, plus de 600 noms de défenseurs des droits humains, d’avocats, de journalistes et de peuples autochtones ont été inscrits sur la «liste des terroristes» du gouvernement.
La liste comprenait même les codirecteurs de l’IPRI, l’ancienne Rapporteuse Spéciale des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, Vicky Tauli-Corpuz, et Joan Carling, Co-organisatrice de Indigenous Peoples’ Major Group (IPMG) for Sustainable Development, « Groupe Majeur des Peuples Autochtones pour le Développement Durable. »
«En tant qu’organisation autochtone mondiale, IPRI s’engage à soutenir le combat des peuples autochtones pour la justice, quel que soit son défi. La loi Philippine antiterroriste sert d’arme légale par l’État pour justifier de nouvelles attaques contre les défenseurs des droits, des terres et de l’environnement », a déclaré Carling.
«IPRI travaillera avec les organisations autochtones et les défenseurs de cette loi draconienne, et pour promouvoir le respect et la réalisation des droits des peuples autochtones ainsi que l’accès à la justice», a-t-elle ajouté.
Carling a également noté que les Philippines sont l’un des pays cibles de l’IPRI à cause de sa violation grave et persistante des droits individuels et collectifs des peuples autochtones qui sont reconnus et protégés par les lois et politiques internationales et nationales.
Dans le rapport mondial de mi-année de l’IPRI sur la criminalisation et l’impunité contre les peuples autochtones à l’époque de la COVID-19, les Philippines ont le plus grand nombre d’incidents de criminalisation documentés dans 23 pays. Il a enregistré 32 incidents qui ont touché 125 personnes, trois communautés et six villages. Ces cas incluent l’accaparement des terres, la dispersion de protestations légitimes contre l’exploitation minière, entre autres.
Pour soutenir la lutte contre la loi Antiterroriste de 2020, l’IPRI a organisé un forum en ligne pour discuter de la loi et de ses implications pour les Peuples Autochtones et les défenseurs des droits autochtones aux Philippines le 10 août 2020.
Les intervenants dans le forum en ligne étaient Jeany Rose Hayahay, enseignante à Lumad, Gwen Pimentel-Gana, Commissaire de la Commission des Droits de l’Homme, et l’Avocat Autochtone Atty. Tony La Viña, qui a représenté les pétitionnaires devant la Cour Suprême.
Dans le forum en ligne, Comm. Pimentel a souligné que les meurtres extrajudiciaires et d’autres formes de violations des droits de l’homme étaient omniprésents et répandus même sans la loi antiterroriste, de sorte que les préoccupations des défenseurs des droits de l’homme sur la susceptibilité de cette nouvelle loi aux abus sont valables et logiques.
Elle a dit, «L’imprécision du sens des termes ‘acte de terrorisme’ dans la Loi Antiterroriste Philippine ouvrira les vannes aux abus visant les militants, y compris les peuples autochtones, car ils exigent légitimement le respect et la promotion de leurs droits.»
Atty. Tony La Viña, pour sa part, a réitéré que la nouvelle loi est loin de résoudre le terrorisme, car le gouvernement échoue à fournir les services sociaux de base aux gens, « Je suis contre le terrorisme mais cette loi antiterroriste ne résout pas le terrorisme aux Philippines. Ce qui fonctionne, c’est s’attaquer aux problèmes fondamentaux des inégalités, comme la pauvreté.»
L’enseignante Rose de l’école Salugpongan Lumad a également appelé le public à soutenir la lutte contre la loi antiterroriste.
«Nous appelons à rejeter la loi antiterroriste. Nous nous sommes battus avant et nous sommes toujours là. Nous continuerons à nous battre. » Conclut-elle.