Contexte
Les Peuples Autochtones, bien qu'étant les intendants de la nature, souffrent de violations flagrantes des droits humains en rapport avec les efforts de conservation. Le modèle dominant de « conservation des forteresses », qui considère la nature comme distincte des personnes, a conduit à la criminalisation, au meurtre, à la disparition forcée et au déplacement massif des Peuples Autochtones.
Les Peuples Autochtones ont occupé, possédé ou utilisé ces terres depuis des temps immémoriaux. L'usage coutumier de leurs terres, territoires et ressources a abouti à la richesse de la biodiversité et des paysages qui ont conduit à la création d'aires protégées. Souvent, ces zones sont protégées dans le but de promouvoir le tourisme et même la chasse safari. Ainsi, les États peuvent également équiper ces zones de gardes forestiers, qui sont généralement armés. Dans le processus, ils blâment les Peuples Autochtones pour la perte de biodiversité et la dégradation de l'environnement.
Des études ont montré que la gestion autochtone est aussi efficace, sinon meilleure, que celle de ces aires protégées gérées par l'État. Ainsi, une approche fondée sur les droits de l'homme qui reconnaît les rôles et les contributions des peuples autochtones répondrait également à l'intérêt public de la conservation de la nature. En outre, les Peuples Autochtones sont reconnus dans les politiques de conservation au niveau mondial. Mais ces politiques transforment rarement les réalités du terrain. L'héritage du colonialisme continue de hanter les Peuples Autochtones, car le modèle de conservation dominant n'a jamais cessé de violer leurs droits et de menacer leur existence.
En raison de ce qui précède, Indigenous Peoples Rights International (IPRI) et ses organisations partenaires ont lancé des études nationales sur l'état de conservation et la criminalisation des peuples autochtones. Les intervenants des Peuples Autochtones d'Asie et d'Afrique partageront ainsi les principales conclusions des études et partageront leurs expériences avec les aires protégées, y compris sur les politiques et les approches de conservation.
Ils fourniront également des recommandations pour lutter contre leur criminalisation et leur impunité ainsi que dans les mesures clés pour protéger la biodiversité et le changement climatique avec les peuples autochtones en tant que partenaire essentiel et non comme ennemi.
Programme (1 heure et 30 minutes)
Modératrice: Victoria Tauli-Corpuz, co-fondatrice et Membre du Conseil d’Administration de l’ IPRI
Programme
- Introduction| Victoria Tauli-Corpuz
- Présentation du rapport mondial sur la criminalisation des Peuples Autochtones dans la conservation | June Rubis
- Présentation du rapport national de la République démocratique du Congo | Diel Mochire
- Présentation du rapport national du Kenya | Daniel Kobei
- Présentation du rapport national de la Tanzanie | Edward Porokwa
- Présentation du rapport national du Népal | Shankar Limbu
- Présentation du rapport national de la Thailande | Phnom Thano
- Réacteurs
- Questions et Réponses
- Conclusion et mot de clôture | Joan Carling
Modératrice et Intervenants
- Vicky Tauli Corpuz – Modératrice (co-fondatrice et membre du conseil d'administration de l'IPRI).
Vicky est une militante autochtone du peuple Kankana-ey Igorot de la région de la Cordillère aux Philippines. Elle est la fondatrice et actuelle directrice exécutive de la Fondation Tebtebba (Centre International des Peuples Autochtones pour la Recherche sur les Politiques et l'Education) aux Philippines. Vicky est co-fondatrice de l'IPRI et membre du Conseil d'Administration.
- Joan Carling – Mot de clôture (Directrice mondiale de l'IPRI)
Joan est originaire de la Cordillère avec plus de 20 ans de travail sur les questions autochtones, de la base au niveau international. Son expertise comprend des domaines tels que les droits de l'homme, le développement durable, l'environnement, le changement climatique et, en plus, l'application du Consentement Libre, Préalable et Eclairé.
Elle a été Secrétaire Générale du Pacte des Peuples Autochtones d'Asie (AIPP) de septembre 2008 à décembre 2016. Elle a été nommée experte autochtone de l'Instance Permanente sur les Questions Autochtones (2014-2016) par le Conseil Economique et Social des Nations Unies. Elle a reçu le Lifetime Achievement Award de l'ONU Environnement en septembre 2018. Joan est actuellement Directrice mondiale de l'IPRI.
- Daniel M. Kobei (Kenia)
Daniel est le fondateur et directeur exécutif de Ogiek Peoples’ Development Program (OPDP “Programme de Développement des Peuples Ogiek”, une ONG basée au Kenya, avec le statut ECOSOC depuis 2019. Son travail avec OPDP consiste à promouvoir les droits de l'homme et les droits fonciers de la communauté autochtone Ogiek et d'autres Peuples Autochtones du Kenya et à travers l'Afrique. Il est le point focal sur les questions relatives aux Peuples Autochtones au sein du Forum International des Peuples Autochtones pour la Biodiversité (IIFB) dans le cadre du Collaborative Partnership for Wildlife Management(CPW)”Partenariat de Collaboration pour la Gestion de la Faune” établi par la Convention sur la Diversité Biologique (CDB). En tant que fervent défenseur des droits humains, il a participé à diverses discussions de haut niveau sur les problèmes des Peuples Autochtones. Il est également le point focal du Groupe de Travail sur la Protection dirigé par Defenders Coalition. L'une de ses principales réalisations a permis aux Ogiek de remporter/gagner une affaire historique contre le gouvernement du Kenya devant la Cour Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples basée à Arusha, en Tanzanie, le 26 mai 2017.
- Edward Porokwa (Tanzanie)
Edward est le directeur exécutif du Forum des ONG Autochtones des Pasteurs (Forum PINGOs), une organisation en réseau des Peuples Autochtones en Tanzanie. Il est titulaire d'une licence en droit (LLB Hon) de l'Université de Dar es Salaam et d'une maîtrise en Administration des Affaires (MBA) de l'ESAMI/Maastricht School of Management. Il a plus de 20 ans d'expérience de travail avec des organisations de Peuples Autochtones dans les domaines de la défense des droits de l'homme, de l'analyse des politiques, des questions constitutionnelles et du changement climatique. Il est avocat auprès de la Haute Cour de Tanzanie et militant et défenseur des droits des Peuples Autochtones. Il a activement travaillé sur la question de la reconnaissance et de la défense des droits de l'homme, et des droits à la terre et aux ressources naturelles des Peuples Autochtones au niveau national et international.
- Diel Mochire (République Démocratique du Congo)
Diel est un Mutwa Mumbuti du Nord-Kivu défenseur des droits humains des Pygmées, en République démocratique du Congo. Il est licencié en relations internationales et est le directeur provincial du Programme Intégré pour le Développement du Peuple Pygmée (PIDP) au Nord-Kivu. A travers PIDP, il s'implique dans le plaidoyer pour la reconnaissance juridique des Peuples Autochtones Pygmées et dans la sécurisation de leurs droits fonciers et territoriaux tout en luttant contre la criminalisation de leurs défenseurs des droits en République Démocratique du Congo. En 2018, il a été nommé par le Secrétaire Général de l'ONU en tant qu'expert auprès du Fonds de Contributions Volontaires des Nations Unies pour les Peuples Autochtones et y siège actuellement en tant que membre et Président Honoraire (mandat 2020). Il est actuellement le Coordinateur National de Indigenous Peoples Rights International en RDC.
- Shankar Limbu (Népal)
Shankar est un avocat des droits de l'homme autochtone qui travaille avec Lawyers' Association for Human Rights of Nepalese Indigenous Peoples (LAHURNIP) “l'Association des avocats pour les droits de l'homme des peuples autochtones du Népal”. Dans son rôle avec LAHURNIP, il fournit des services d'aide juridique gratuits dans les cas de violation des droits collectifs et travaille à promouvoir, protéger et défendre les droits humains et les libertés fondamentales des Peuples Autochtones ainsi que des habitants vivant avec les Peuples Autochtones au Népal.
- Phnom Thano (Thaïlande)
Phno, appartient au groupe autochtone Karen de la province de Chiang Mai, dans le nord de la Thaïlande. Il fait partie des milliers de villageois dont la vie a été limitée par les réglementations de la conservation. Son travail sur les droits des Peuples Autochtones a commencé en 2011 lorsque des agents du Parc National se sont emparés du champ où son village pratique la culture itinérante. Les autorités prétendent que leur champ chevauche une zone protégée.
Il travaille actuellement avec Indigenous Peoples Foundation for Education and Environment (IPF) “Fondation des Peuples Autochtones pour l'Education et l'Environnement” et coordonne l'Indigenous Media Network (IMN). Son expérience et son travail lui ont appris que le manque de compréhension entre les parties impliquées et les politiques descendantes créées par les élites qui ne sont pas conscientes du rôle des Peuples Autochtones dans la conservation des forêts et la gestion des ressources naturelles peuvent conduire à des conflits. Il croit que l'accès à l'information et l'ouverture à une consultation sincère sont les clés pour construire une compréhension commune et favoriser le respect des droits des Peuples Autochtones.
- June Rubis
En tant qu'ancien biologiste de la conservation, June a environ douze ans de travail pratique sur le terrain en matière de conservation de la faune à la fois en Indonésie et en Malaisie à Bornéo. Elle a également travaillé sur les droits fonciers autochtones et les questions environnementales en collaboration avec des militants autochtones et des ONG à Bornéo en Malaisie (Sarawak et Sabah). Elle a mené des recherches sur la revitalisation rituelle Bidayuh, sous la direction de son père Bidayuh et de ses proches, liant la revitalisation avec le changement environnemental dans son Etat d'origine de Sarawak, Bornéo malais. Bonne partie de son approche de son travail suit les enseignements de ses parents, y compris son défunt père Bidayuh, suivant le parcours de ses propres parents en tant que prêtre et prêtresse traditionnel Bidayuh. Sa récente recherche doctorale a porté sur une approche autochtone décoloniale de la conservation des orangs-outans au Sarawak. Elle est titulaire à la fois d'une maîtrise en Changement et Gestion de l'Environnement et d'un doctorat (Ph.D.) en Géographie et Environnement de l'Université d'Oxford. Elle est actuellement boursière postdoctorale en Etudes Environnementales Autochtones au Sydney Environment Institute de l'Université de Sydney.